Where do I go from here? [52e étage]

Michael fit une grimace. Bien qu'il ne pouvait pas voir Tybalt, il savait que l'autre prenait toute la place sur le lit. Il refusait de se laisser faire. Il était sur le point de pousser Tybalt pour faire de la place, mais il s'arrêta. Il avait cru entendre des pas de l'autre côté de la porte.

Il était debout et en chemin vers la porte en un bond. Ce n'était pas la première fois que la chambre était devenue aussi noire, donc Michael savait exactement combien de pas qu'il devait faire pour contourner les lits sans foncer dedans, et pour atteindre la porte sans la manquer ou marcher trop vite et foncer dedans aussi. Sa main trouva la poignée et la tourna, au cas où elle s'était débloquée depuis qu'ils avaient vérifié la dernière fois. Elle ne l'était pas.

Il plaqua son oreille sur la porte, tentant d'entendre les pas plus clairement. Dépendamment de la vitesse, le poid et le bruit des pieds, il pouvait savoir si c'était un humain ou un esprit--ou n'importe quelle autre créature qu'il y avait dans l'immeuble.

Il était un peu distrait à cause de la respiration de Tybalt. Il n'était pas habitué à avoir quelqu'un d'autre dans la pièce avec lui, et il ne pouvait pas se concentrer sur les pas. Pendant un instant, il croyait que c'était une personne--quelqu'un qu'il n'avait pas encore rencontré; peut-être Nath, le grand chef--mais une seconde après, il était persuadé que c'était un fantôme. Mais immédiatement après, il reconnût la légèreté des pas d'un esprit. C'était vraiment mélangeant.

*Si c'est une personne, peut-être qu'elle pourra nous ouvrir la porte par dehors. Si c'est un esprit, peut-être qu'il est venu nous délivrer parce qu'il a fini de jouer avec nous. Ou peut-être qu'il n'a PAS fini de jouer, et qu'il va nous faire un autre mauvais tour... Qu'est-ce que je fais?*

Michael fut profondément surpris quand il sentit quelque chose toucher son visage. Il avait entendu Tybalt approcher, mais il ne s'attendait surtout pas à ce qu'il le touche. Il avait eu l'impression que ses pas allaient le diriger plutôt vers la gauche, surtout pas directement dans sa direction.

Les doigts tracèrent le contour de son visage d'une façon qui n'aurait pas pu dire à Tybalt qu'est-ce que c'était qu'il touchait. Ils atteignirent ses lèvres avant de disparaître subitement. Il pouvait presque voir le choc sur le visage de Tybalt, malgré la noirceur étouffante.

Michael ne pouvait pas s'empêcher de sourire. "Je te trouve bien entreprenant!" dit-il d'un ton extrêmement dragueur. Il n'avait pas eu l'intention de le dire de façon aussi séducteur, mais c'était plus fort que lui.

Il décida de foutre en l'air toutes ses craintes de la violence que Tybalt pouvait lui faire; sûrement, s'il avait voulu lui faire du mal, Tybalt l'aurait déjà fait. Peut-être pas, mais bon. Michael se sentait assez seul pour vouloir draguer n'importe qui. Draguer Tybalt serait mille fois mieux que draguer un fantôme.

"Autant que toi pour me répondre de cette façon." répondit Tybalt du tac au tac. "Qu'est-ce qui t'a pris de foutre le camp sans rien dire? J'ai cru que tu t'étais fais choper par des esprits, moi!"

Et qu'est-ce que c'était chiant de parler à quelqu'un sans voir son visage! Et puis cette proximité le mettait mal à l'aise, mais pas aussi désagréablement que s'il avait été coincé dans le noir avec un ennemi potentiel.

"... Toi aussi tu as entendu?"

Question stupide. Sinon que ferait-il près de la porte?

"Aww, tu t'inquiétais pour moi? =^^=" demanda-t-il dans la même voix séduisante. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas autant dragué quelqu'un. Ça faisait encore plus longtemps qu'il n'avait pas autant VOULU draguer quelqu'un. Il y avec quelque chose chez Tybalt qui faisait que Michael voulait se laisser aller, voulait tout foutre en l'air et laisser faire Tybalt.

"Oui, j'ai entendu. Je me demandais justement si c'était un esprit ou un humain. Je n'arrivais pas à bien entendre."

Il reposa de nouveau son oreille sur la porte pour écouter. Mais il était encore plus distrait par la proximité de Tybalt. Il sentait la chaleur de son corps, et chacune de ses respirations chatouillait son oreille qui n'était pas contre la porte. Son coeur battait très fort, ce qui n'aidait surtout pas à entendre les pas.

Avec un soupire, il se retourna pour accoter son dos à la porte. "J'entends rien," admit-il. Il faisait face à Tybalt maintenant, et il dut résister de toutes ses forces pour ne pas tendre les mains, l'attrapper par la chemise et l'embrasser passionnément.

"Qu'est-ce qu'on fait?" demanda-t-il simplement.

Tybalt allait répondre quand sa tête commença à lui tourner. Il avait si sommeil soudain.

"Je..."

Il porta sa main à son front, ne comprenant pas pourquoi il se retrouvait si soudainement dans les vappes. Le jeune italien ne put empêcher ses paupières lourdes de se fermer et il bascula vers l'avant.

Heureusement, il ne se fit pas mal en tombant contre le sol, mais il atterit doucement dans les bras de Michael.

"WAAAAAAAAAAAAAAAH!!!!" s'écria Michael quand il sentit quelque chose de lourd lui tomber dessus. Sa première réaction depuis son arrivée dans l'immeuble était de jetter l'affaire par terre et courir aussi vite qu'il pouvait. Mais en même temps, il se disait que ce devait être Tybalt.

Il était sur le point de suivre sa première réaction quand il réalisa que c'était Tybalt, donc il tenta de l'empêcher de tomber. En conséquence, tous les deux tombèrent, avec Michael en dessous.

"Aïe... il est lourd!" Il n'était pas plus lourd qu'un autre ado de 17 ans, mais quand il vous tombe dessus, c'est assez lourd. Il roula le corps de Tybalt pour qu'il puisse s'asseoir.

"Mais qu'est-ce qui l'a pris, de s'endormir comme ça?"

C'était pas facile, mais Michael parvint à tirer le bras de Tybalt autour de son cou et le traîner vers les lits. Il hésita pendant un instant--devrait-il le mettre dans le lit où ils étaient assis avant, le lit à Michael, ou lui attribuer un autre lit? Finalement, il choisit de sacrifier son lit.

Il enleva les chaussures de Tybalt pour qu'elles ne salissent pas les couvertures, ayant un peu de difficulté de détacher les lacets dans le noir. Il tira les couvertures par-dessus lui pour qu'il ne prenne pas froid.

Pendant plusieurs minutes, Michael resta assis à contempler le noir et le futur. Que faire pour sortir de l'immeuble? L'une des choses qui énervait Michael le plus c'était qu'il n'aurait jamais 17 ans. Un moins. Il ne lui restait qu'un mois avant son anniversaire, mais il n'y avait pas de temps dans l'immeuble.

Finalement, ennuyé, n'ayant rien de mieux à faire puisqu'il ne voyait rien, il s'alongea à côté de Tybalt pour tenter de dormir. Il avait pourtant prévenu Tybalt que c'était SON lit, et l'italien n'avait pas bronché. Donc, ça ne le dérangeait pas. Michael resta quand même par dessus les couvertures.

Il s'endormit après un temps indéterminé.

Michael se rapprocha d'avantage, voulant plus de contacte. S'il y avait une chose qu'il aimait dans la vie, c'était les câlins et le contacte physique. Il réalisa avec mécontentement qu'il était couché SUR les couvertures, et il avait froid. Ce fait lui rappela à côté de qui il dormait.

Il s'attendait à ce que ses yeux s'ouvrent violement et qu'il tombe--encore--du lit. Il se surpris lui-même en ouvrant très calmement les yeux et s'étirant comme un chat. Il avait senti Tybalt se lever, puis se recoucher, en posant en plus son bras par dessus lui.

"Bonjour," dit-il dans la voix maintenant familièrement séductrice. "Ou bonsoir, ou je sais pas trop quoi. Y'a toujours pas de lumière ici? J'aurais dû choisir une chambre avec une fenêtre!" Il retourna subitement son attention vers Tybalt de nouveau. "T'as bien dormi?" ^^ D'un côté, Michael était content qu'ils étaient toujours dans le noir: il avait toujours eu l'impression qu'il avait l'air d'un mort quand il se réveillait le matin, malgré les assurances sincères de ses amis qu'il avait simplement l'air parfaitement paisible, et même un peu séduisant, comme s'il avait passé la nuit avec *quelqu'un*.

Michael émit un petit couic quand il fut si soudainement serré contre Tybalt. Mais il ne tenta surtout pas de s'échapper. Il était au contraire extasié. C'était Tybalt qui avait pris l'initiative! Il n'avait plus rien à craindre s'il voulait s'en approcher plus.

À cette pensée, il se dégagea rien qu'un peu des bras de Tybalt pour qu'il puisse se faufiler entre les couvertures. Il se rapprocha instantanément de Tybalt, reprenant la position qu'il avait avant, mais cette fois sans la barrière de la couverte. Il se blottit contre Tybalt avec un soupir de soulagement et de joie.

"T'es tout chaud!" l'informa-t-il. Ses bras et ses mains étaient glacés, et il fit de son mieux pour ne pas toucher Tybalt avec--ce n'était jamais agréable quand quelqu'un pose ses mains froides sur vous, surtout quand vous êtes tout au chaud dans votre lit--mais la chaleur de Tybalt imprégnait le lit, et Michael se sentait déjà en train de décongeler.

En ce moment, tous les soucis de Tybalt se trouvaient bien loin au dessus de sa tête. Peu importait le noir et l'isolement, finalement. Quant à ses vrais problèmes, tant qu'il serait prisonnier de cet immeuble, pourquoi y penser? Ça lui arrivait si rarement d'oublier un moment tous ses soucis, son coeur n'avait pas l'habitude d'être aussi léger.

Les mots de Michael vinrent lui chatouiller les oreilles. Ou plutot le souffle qu'il exhala en remuant les lèvres. C'est vrai qu'il avait chaud. Il faisait très chaud. En plus ça faisait tout de même quelques heures qu'il était coincé là et il commençait à avoir faim. Pour ce dernier inconvénient, il ne pouvait pas faire grand chose, mais il prit les mains de Michael et les posa sur ses joues.

"Tu es bien un des premiers à me dire un truc comme ça."

Bah oui, d'habitude, on le traitait plutôt de mec froid, avec un coeur et des yeux de glace, on le comparait aussi parfois à un frigo, en raison de son corps bien bâti.

"J'aime bien." avoua-t-il.

Michael faillit ronroner, il était si content et si confortable. C'est vrai qu'il se sentait de plus en plus claustrophobe dans cette chambre, bien qu'énorme, mais le noir lui donnait l'impression d'être dans une boîte minuscule, et il avait atrocement faim, mais malgré tout ça, il ne pensait pas qu'il avait jamais été aussi contenté dans sa vie avant l'immeuble.

On l'avait toujours traité comme un objet. La gang auquel il avait appartenu voulait toujours l'utiliser pour attirer l'attention pendant qu'ils volaient. Le vieux monsieur voulait s'occuper de lui pour appaiser sa conscience pour son fils qu'il avait abandonné il y avait au moins cinquante ans. Ai-je vraiment besoin d'expliquer comment le patron du club avait traité Michael? N'étant pas satisfait par l'argent que le garçon faisait en dansant, il voulut le droguer et le prostituer. Nuff said.

Mais il ne pensait plus à tout ça. Dans les bras de Tybalt, ses mains réchauffées par ses joues, plus rien ne comptait pour Michael. Mais bien sûr, son corps n'était pas du tout d'accord.

Il y eut soudainement un bruit comme le rugissement d'un tigre. Qui était très proche. Qui venait d'entre leurs corps sous la couverture. Qui venait du ventre de Michael.

Il rougit. "Heu... je crois que j'ai un peu faim... On pourrait peut-être essayer de défoncer la porte. Je me rappelle plus si on l'a déjà essayé..."

Avec les yeux énormes, Michael se précipita vers la lumière et Tybalt. La lumière brûlait ses yeux, mais il était trop excité pour s'en soucier. Ils étaient libres!

"Wah, mais t'es fort, dis!" dit-il malicieusement, se jetant au cou de Tybalt. "Tu l'as presque pas touchée, et elle s'est ouvert!"

Il se doutait que Tybalt n'avait pas fait grand chose, et que c'était sûrement l'esprit qui avait fini de jouer avec eux, mais quand même. Michael voulait bien passer son temps à jouer avec Tybalt, et il ne faisait que commencer!

Il attrappa Tybalt par le bras et se mit à l'entraîner vers l'ascenseur.

"Allez! Espérons que la cuisine ne sera pas dégoulinante de sang cette fois. Je me demande qu'est-ce qu'on pourra manger!"

Michael savait que Tybalt plaisantait d'une certaine façon, mais il ne put pas empêcher un frisson de parcourir son corps. Il avait HORREUR du sang. La seule raison qu'il pouvait supporter le sang de l'immeuble était parce qu'il se disait que ce n'était pas un être vivant, donc il n'y avait pas de douleur. Même la douleur de quelqu'un d'autre faisait souffrir Michael.

Il attrappa la main qui OSA ébouriffer ses cheveux et tira le bras autour de ses épaules. Il s'installa contre le mur avec la majorité d'un côté de son corps serré contre Tybalt. Il était peut-être un peu trop collant, mais il ne pouvait pas se contrôler: ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas été près de quelqu'un avec qui il VOULAIT être.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit non pas avec le 'ting' habituel, mais avec le cri de terreur d'une femme. Michael, qui était habitué à entendre des bruits soudains et forts, ne sursauta même pas. Il entra calmement dans l'ascenseur comme si de rien n'était et regarda Tybalt.

"Alors, tu viens ou pas?"